lundi 24 janvier 2011

Le syndrome de Diogène

Jorge Monterroso
Intervenant
ALPABEM


Savez-vous ce que c'est?
J'ai eu de la difficulté à me documenter pour écrire cet article. En fait, il y a très peu d'écrits à ce jour sur ce sujet. Pour vous donner un exemple, même dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV), ce qu'on pourrait appeler la "bible des psys", on ne trouve absolument rien. C'est une maladie que bien peu de gens connaissent. Toutefois, je vais quand même tenter de vous faire, le plus fidèlement possible, un portrait de ce syndrome.
Vous savez qu'il est tout à fait naturel de s'attacher à certains objets, comme à des souvenirs qu'on veut conserver toute notre vie. Des objets si précieux qu'on ne s'en débarrasserait pour rien au monde. Comme « cette canne à pêche que mon père m'a laissée alors que je n'avais que 8 ans. Cela me rappelle une merveilleuse époque de ma vie. » Ou « le bâton de hockey signé par Maurice Richard. » J'en conviens, il y a des choses auxquelles on s'attache et qu'on veut conserver. Il y a aussi des gens qui ramassent toutes sortes d'objets hétéroclites dans le but de créer une œuvre d'art ou pour bricoler éventuellement dans leur maison. Par contre, la tendance poussée à l'extrême à vouloir tout garder ainsi que la difficulté à se débarrasser de tout objet, si utile soit-il, peut être la manifestation d'une problématique qu'on connait sous le nom du syndrome de Diogène ou d'accumulation morbide.



















Il semblerait que c'est une problématique caractérisée par l'envie démesurée de ramasser et d'accumuler de façon pathologique des objets variés. Les sujets présentant cette problématique éprouvent une énorme difficulté à s'en défaire de leurs possessions, mêmes si ces dernières ne sont pas investies d'une valeur sentimentale. Ces individus ramassent des objets de façon compulsive. Ils ramassent tout, tout, tout, même des poubelles! Il y a des gens qui vont jusqu'à voler les sacs de poubelles chez ses voisins, avant que le camion de vidange ne passe, donc il ne s'agit pas d'un éboueur compulsif ou quelque chose du genre. Ces personnes empilent tous leurs « précieux trésors » dans leur demeure, mais ils ramassent tellement qu'on a l'impression qu'ils vivent plutôt dans des taudis. De nombreux sujets accumulent à un point tel qu'ils risquent souvent de mettre leur vie et celles des autres en danger. Dans certains cas, les sujets peuvent accumuler des grandes quantités d'argent, à la maison où à la banque, sans avoir conscience de ce qu'ils possèdent. Ils ont de la difficulté à s'arrêter. C'est plus fort qu'eux! Ils n'ont plus le contrôle.




















De tels individus vont négliger leur hygiène personnelle et abandonner complètement tous soins du corps, dégageant ainsi une odeur corporelle forte, voire répulsive. Ils ont tendance à s'isoler dans leur foyer. Habituellement, leurs contacts sociaux et familiaux sont inexistants ou très limités. Il peut arriver qu'ils conservent certains contacts, surtout avec ceux et celles qui les comprennent, tolèrent ou facilitent leur mode de vie ou qui les nourrissent.
Cette problématique touche plus souvent les personnes âgées et autant les hommes que les femmes, sans égard au statut socio-économique.
Existe-t-il des traitements?
En premier lieu, on s'occupe des complications découlant de leur mauvaise nutrition et de leur manque d'hygiène. Ensuite, on peut mettre en place des dispositifs pour que la situation ne se répète pas. Il arrive que les autorités soient obligées de vider et de nettoyer la maison, ou, dans des cas extrêmes, qu'ils soient obligés de détruire la demeure. Mais comme « ils ne sont pas malades » et qu'ils refusent toute aide, ils risquent de recommencer leur petit manège ailleurs.
Que peut-on faire alors?
La vigilance est de mise si vous connaissez des gens âgés qui demeurent seuls, spécifiquement et surtout si vous avez constaté qu'ils ont tendance à s'isoler, se négliger, accumuler... Demandez de l'aide à des professionnels car ces personnes refusent tout type d'aide, prétendant qu'elles n'en ont pas besoin.


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